DOLE ILLUMINE MONTQUINTIN… ET VICE-VERSA

by | Aug 3, 2017 | Archives |

Une réussite pour une résurrection. Celle du site de Montquintin fait preuve de patience. Celle du groupe Dole se tourne vers l’avenir immédiat. Samedi 29 juillet, les deux projets, unis dans une sorte de défense du patrimoine, historique et artistique, se sont entrecroisés de manière magistrale.

Faut-il encore présenter Dole, cet apôtre sud-luxembourgeois de la New-Wave, qui a connu de vraies heures de gloire internationale dans les golden eighties ?

Aux plus jeunes sans doute, qui découvrent, étonnés, que des petits gars du triangle Athus-Halanzy-Marbehan ont pu être les pionniers d’un label devenu mythique (Play it again Sam – PIAS), les auteurs de tubes produits par le regretté Adrian Borland (The Sound), les aventuriers de concerts légendaires, un peu partout en Europe, jusque dans un improbable festival flottant marocain…

Ces plus jeunes, il s’en trouvait face aux ruines en renaissance de Montquintin. Si les quadras-quinquas-sexas étaient largement majoritaires, la génération connectée faisait aussi partie du public, dense et dansant. Plus de 400 personnes, une première réussite pour l’asbl locale et ses partenaires, Dole et les Gaumian Lads.

Mariage judicieux

Mais ce qui a marqué d’emblée les esprits, c’est le décor. Unique. Magique. Tonique. Le mariage des dignes vieilles pierres et d’un éclairage judicieux. A l’heure des mégastructures de ponts lumineux qui déchirent les espaces musicaux, l’équipe technique avait choisi une sobriété de bon aloi, soulignant les murs autant que les artistes, sans noyer ni les uns ni les autres. Pas de débauche d’effets dans la sono non plus, au look un peu vintage collant parfaitement à l’atmosphère générale.

Cela dit, que l’on ne s’y trompe pas. La soirée ne s’est pas limitée à une litanie pour nostalgiques. Déjà parce que la première partie, assurée par Sarah tue moi, a fait monter l’ambiance à sa sauce, un rock énergique et francophone, mâtiné de Noir Désir et de blancs desseins.

Ensuite parce que le Dole 2017, enfant légitime de deux des membres originels, a su se renouveler, s’adapter sans trahir.

Sur scène, Remy, le chanteur, saxophoniste par intermittence (comme pour rendre un modeste hommage à l’incontournable souffleur des années d’or, feu Pierre Istace), guitariste additionnel, compositeur et âme du groupe, a gardé tout son charisme, dansant et bondissant tel un dandy dandinant, bras ouverts vers le public, offert. La voix puissante, entre Dave Gahan et Richard Butler,  porte les morceaux, choisis. A ses côtés, Michel, l’inséparable, l’éternel charmeur, de sa guitare aérienne, fait décoller les notes qui ont fait le son de Dole et le maintiennent alive.

Bien entourés

Les deux « rescapés » du line-up historique ont su s’entourer. Gilles, le fan devenu indispensable support, apporte son aura mancunienne et ses guitares, son énergie débordant sur le sommet des retours mais contenue dans une forme de réserve, au service du collectif.

Son pote Jon est aussi de la partie, légèrement en retrait mais très présent dans les lignes de basse qui font toute la différence. Raphaël complète le combo, donne le tempo et, pour quelques morceaux, quitte discrètement les fûts (où il est suppléé par Gilles le touche à tout) pour assurer les nécessaires nappes de claviers qui donnent la banane aux accents New-Wave.

Tout ça donne un ballet orchestré entre musiciens doués, multitâches. Et tout ça, après les inévitables réglages pour s’adapter à un parterre bien garni sous la voûte céleste clémente d’un soir gaumais, est magique, intact, puissant et subtil à la fois.

Hymnes et hommages

Le set ? Du Dole pur sucre, intelligemment revisité, avec un soupçon de Red Sofa (projet intermédiaire de Remy et Michel) et quelques emprunts, hommages à cette musique cool et cold habilement réchauffée, à Psychedelic Furs, aux Smiths, à Cure, aux Talking Heads ou à Depeche Mode…

Mais le cœur de l’ouvrage a bien été forgé du côté d’Athus. Les classiques sonnent, hymnes inarrêtables et entêtants : Slumberland, Rumroad (et cet incroyable refrain qui vrille instantanément le cerveau du profane), The Dream, Satellite (particulièrement envoûtant dans l’ambiance de Montquintin), Third Man, The Speed of Hope, tous ou presque sont là, même, en rappel, le très dynamique mais un peu méconnu Avoid the Crowd, repris, comme en pied de nez souriant à son propos, par une foule conquise jusqu’à la dernière note…

Alors oui Dole a réussi son retour. Ce n’est pas le premier come-back. Mais l’aventure reprend, avec une âme renouvelée, sans renier le passé mais en se projetant vers un futur bien présent. Oui vraiment, dans l’enceinte du vieux château, l’atmosphère est sortie des enceintes pour saluer une  renaissance.