Chantier 2012 du 30 juillet au 11 août

16e CHANTIER ANNUEL DE BENEVOLES – Rapport 2012

36 ? Record battu !

 

Pour ce 16e chantier de restauration, ce sont en effet pas moins de 36 bénévoles qui se sont réunis pour prêter main-forte aux travaux de conservation des ruines durant la première quinzaine d’août. Ils viennent d’un peu partout : Rouvroy, Virton, la Gaume, Namur, Bruxelles, Marche et aussi de l’étranger ; et les partenariats avec le centre FEDASIL de Virton et la Maison de Justice d’Arlon se poursuivent . Remercions d’abord le département Culture de la province de Luxembourg, par l’intermédiaire de M.M. les députés Philippe Greisch et son successeur Patrick Adam, qui nous soutiennent régulièrement. Notre dossier les a depuis longtemps convaincus de l’impact que peut avoir ce projet sur le devenir du village de Montquintin et l’intérêt pour la région gaumaise.

On ne compte pas non plus les très nombreux coups de mains et services divers de personnes extérieures qui ont pris ce projet en sympathie. Nos chaleureux remerciements s’adressent donc aussi, pour les multiples services diversement rendus, au Musée gaumais (Virton), David et Christine Enthoven, Paulette Cornerotte, Jean Culot, Stéphane Herman, René Devillet, Jean-Paul Jusseret, Françoise Gengler, Madeleine Fouss.
La liste des courageux « bagnards » se trouve en fin de cet article.

 

Un coup de rafraîchissement était bien nécessaire après cet hiver rude et un printemps trop humide. Mais tout est propre et praticable à nouveau : panneaux nettoyés, barrière revernie, élagages et débroussaillages réalisés donnent en cette fin d’été un coup de neuf au site.

 

Zone 1. Dans le corps de logis.

 

Voici enfin l’aboutissement réussi d’un long travail d’apprentissage en zone Nord de l’ancien corps de logis: les voûtes effondrées ont été reconstruites ; le passage souterrain menant du corps de logis à l’aile droite est a présent sécurisé.

 

Un petit résumé s’impose.
Dans le corps de logis, la petite cave de l’angle Nord était autrefois reliée aux soubassements de la tour carrée Nord aujourd’hui rasée. On discerne plusieurs étapes de modification d’accès. En effet, à la base du pignon Nord (XIXe siècle), des pierres placées en cintre par-dessus le soupirail actuel constituent les traces d’une voûte et indiquent que, dans un premier temps (jusqu’au XVIIIe siècle ?), elle se prolongeait vers la tour Nord. Plus tard, corps de logis et cave en tour Nord furent dissociés, et l’accès se fit à cette dernière par un escalier descendant du corps de logis. Puis, dans une troisième phase (construction du pignon Nord, après la Révolution), les vestiges de la tour Nord furent relégués extra muros et définitivement désaffectés. Seule cette dernière phase peut être datée avec certitude par les transformations apportées au début du XIXe siècle par Jean-Jacques de Hontheim.

 

Par ailleurs, cette cave est mise en connexion avec la cave de l’aile droite du château par un couloir longeant le pignon Nord. Il doit donc aussi dater de cette dernière époque. Il donne encore latéralement vers un dépotoir creusé au flanc de la tour Nord (dépotoir n°2° découvert en 1998 et vidé). Tout cet espace était effondré : murs et plafond n’existaient plus que par fragments et, après l’évacuation et le tri des décombres, un examen attentif fut nécessaire. Il apparut que la cave de l’aile droite avait été elle aussi raccourcie au XIXe siècle pour soutenir la nouvelle façade du corps de logis principal. Cette nouvelle façade s’implantant en avant d’une ancienne dont les fondations apparaissaient en sous-sol dans le profil de destruction (lire à ce sujet l’étude parue dans la revue du Musée gaumais Le Pays gaumais, Virton, 2010)

Cette façade antérieure n’est pas absolument datée mais, depuis un seuil de porte sondé depuis la surface, la stratigraphie montre un rehaussement du corps de logis correspondant à des changement intervenus aux XVIIIeou XIXe siècles sur des sols plus anciens, de sorte que nous pouvons provisoirement la situer vers le XVIIesiècle ou même avant. Le niveau de ce seuil ancien correspond à celui marquant l’entrée de la tour Est, ainsi qu’à un autre situé a proximité de l’entrée de la cave de la tour Ouest.
Aucun matériel n’est toutefois venu confirmer cette hypothèse.

 

L’effondrement du couloir de cave posait depuis des années un problème complexe :
• soutenir verticalement et latéralement tout le pignon Nord (XIXe siècle) dont les fondations étaient sommaires et déstabilisées.
• Reconstruire les murs et voûter le passage tout en préservant la chronologie constatée, c’est-à-dire les traces de la première façade et les différences de voûtaison entre le corps de logis et l’aile droite.
• Conserver enfin l’accès existant sous l’arcade vers le dépotoir n°2 qui offre un terrain d’étude intéressant sur l’origine de la tour Nord.

 

Les solutions pratiquées furent multiples et abordées par étapes, vu la complexité des étançonnements adoptés qui encombraient l’espace disponible :
1. Reconstruction du mur longitudinal, afin de soutenir une nouvelle voûte.
2. Construction d’un pilier comportant une porte d’accès vers la cave de l’aile droite, avec linteau en béton armé dissimulé (soutien latéral). Ce pilier marque la position des fondations de l’ancienne façade du corps de logis.
3. Construction d’un soubassement au pignon Nord, qui n’était soutenu que par un remblai d’argile (soutien vertical).
4. Construction d’une voûte venant se greffer à l’identique sur la partie conservée (fermeture).
5. Cette voûte restant soumise aux agents extérieurs (les ruines du corps de logis ne seront pas couvertes d’un toit), doublement par une couverture en béton armé.
6. Dans le futur : placement de drains d’évacuation des eaux de pluie vers le dépotoir n°2 reconverti en citerne, laquelle restera accessible via quelques degrés d’escalier.

 

Toutes les parties visibles ont été réalisées en matériaux de récupération, de manière à s’intégrer au mieux à l’existant. Aucune trace ni vestige n’a été détruit.

 

Quant aux degrés de l’escalier menant du logis à la cave, endommagés par le gel, ils ont été consolidés.

 

Zone 2. Devant le corps de logis

 

L’installation des futurs plateaux de scène, le long de la façade à cour, nécessitait un nivellement superficiel, qui fut l’occasion de mettre au jour une partie du revêtement. En l’occurrence, un trottoir étroit, encore présent par tronçons, bordait tout le corps de logis: des blocs de taille de récupération bien équarris sont disposés sur un enrochement de pierres placées sur champs.

Il s’agit d’un aménagement sommaire, sans doute tardif car peu régulier, malgré la qualité du matériau. Selon les mesures effectuées, ces blocs pourraient provenir du soubassement de la façade (partie gauche), qui présente de nombreuses lacunes. Mais cette hypothèse reste à vérifier par l’examen du type de calcaire et les dimensions des blocs.

 

 

Si le trottoir se limite à longer la façade, l’enrochement sous-jacent par contre mérite une certaine attention car il semble s’étendre vers le reste de la cour et laisse apparaître, à hauteur de l’entrée centrale du corps de logis, les traces périphériques d’un emmarchement, vestige d’un petit perron qui devançait autrefois celle-ci.
Ces vestiges ont été couverts d’un liner étanche puis rebouchés, dans la perspective des travaux ultérieurs pour l’établissement de l’espace de spectacles.

 

Zone 3. Au pied de la courtine Ouest

 

Une bonne part du dépotoir N°3 (latrines du corps de logis découvertes en 2010) a été vidée, dans le but de procéder au mesurage de la citerne. Celle-ci ne dépasse pas 2x2x2 M. Les maçonneries – en particulier la voûtaison – sont faibles et endommagées. Le matériel découvert est assez pauvre et tardif. Une partie des conduits, aménagés à l’aplomb au sein de la courtine, étant en briques, cette citerne ne doit pas remonter au-delà du XIXe siècle.
L’endroit a été rebouché afin de préserver les substructions.

 

Dans la tour Nord, le volume exposé à l’air libre, ainsi que les champs des fondations des courtines voisines ont été nettoyés et rejointoyés. A terme, un léger rehaussement des maçonneries devrait permettre de circonscrire plus nettement ces vestiges et de les protéger par un plateau sous forme d’une terrasse en bois communiquant avec le corps de logis.

 

Zone 4. Dans l’aile gauche

 

Après un nettoyage renouvelé des sols, les poutres en chêne posées en hauteur au niveau de l’étage ont été définitivement scellées, à l’identique de celles existant auparavant. Ultérieurement, un coffrage perdu viendra soutenir la dalle de béton qui sera ancrée dans les murs périphériques. Elle offrira un plateau de circulation sur toute la surface de l’aile gauche.
Plusieurs zones d’effondrement ont également été rebouchées ou consolidées.

 

Zone 5. Les remparts septentrionaux (hors périmètre de classement).

 

La muraille d’enceinte du XVe-XVIe siècle est sérieusement mise à mal et grevée de multiples zones d’effondrement. D’autres fissures apparaissent, soit par manque de drains et du fait de la poussée des terres, soit de l’enracinement des arbres (tilleuls et érable sycomore) qui la surplombent. M. Léveillée, élagueur-grimpeur, a gracieusement mis ses compétences à notre service et procédé à un élagage en taille douce qui sera poursuivi, à la fois pour alléger la ramure et offrir une vue plus dégagée sur le monument.

 

Au pied de ces remparts, la mise à disposition d’une mini-pelleteuse, manipulée par M. Herman, a permis de finaliser un important travail de déblaiement et de récupération des pierres du mur de la terrasse qui forme limite avec la parcelle voisine. Un volume considérable a été trié et soigneusement rangé en cubes, ou provisoirement replacé sur le tracé du mur. Outre la facilité d’entretien futur de cette parcelle, cette démarche permet de vérifier l’alignement de la terrasse dans lequel s’inscrit l’entrée du lavoir sous cave.

 

Le lavoir, après la restauration des murs, a vu une tentative couronnée de succès pour redresser et consolider définitivement la partie de voûte encore existante.
Pour ce faire, un gabarit est confectionné sur la moitié intacte non déformée (partie droite). Son empreinte est reportée sur la partie déformée (à gauche), puis des étançons réglables sont disposés sous les arceaux épousant la courbe, et progressivement rehaussés (voir la
technique de reconstruction) créant ainsi une dislocation supportée par le coffrage. Les pierres manquantes ou disjointes sont remaçonnées puis, tout comme pour les caves du corps de logis (lire ci-dessus), un doublage coulé en béton armé vient renforcer et étancher la surface exposée à l’air libre.
Les murs et les jambages de portes sont déjà complétés ; le reste de la voûte, dont le cintrage va en rétrécissant vers la porte, devra être entièrement reconstruit en fabriquant préalablement un coffrage adapté en bois. A la base de la courbure, seront ensuite disposés des drains d’évacuation, avant recouvrement total de terre.

 

Zone 6. Le bastion Est.

 

L’association a engagé des frais importants durant cet hiver 2011-2012. Certaines surfaces du parement, rendues précaires du fait des poussées de terre et du ruissellement, ont été démontées puis remontées à l’identique par l’entreprise BRG de Ruette. Celle-ci en a profité pour poser à l’arrière des parements, un drain pouvant limiter les dégâts d’eau. C’est à l’occasion de ces travaux qu’est apparu le jambage d’une baie qui laissait supposer l’existence d’une fenêtre (?) ou d’un accès bouché ou effondré.
Et en effet, un dégagement latéral du talus a mis au jour le seuil et le jambage droit de cette baie qui apparaît de forme carrée (+/- H :1,50 x L :1,20 M), mais incomplète (le linteau manque et les maçonneries montrent des transformations).A l’aplomb, elle est surmontée par une faille verticale, semblable à un conduit, mais dont la fonction n’est pas claire. De toute évidence, s’il ne s’agit pas d’un accès vers les casemates qui existaient autrefois sous le bastion, cet aménagement serait tardif car on n’imagine pas une ouverture de cette taille percée dans un complexe défensif.

 

Les participants 2012 :
Nicolas CORNEROTTE, Michel CHENNAUX, Frédéric CLAES, Marie-Christine CLAES, Joseph COLLIGNON, Didier CULOT, Léopold CULOT, Quentin DE PROOFT, Romain DE PROOFT, Sarah DE PROOFT, Eric DEGAND, Colin DERU, René DEVILLET, David ENTHOVEN, Laure FELDMAN, Anne FETTWEIS, Daniel FLAMAND, Arthur GENGLER, Mathilde HARDENNE, Stéphane HERMAN, Justine HUART, Jean-Claude JACOB, Thierry LEVEILLEE, René LHOTTE, Jean NDEBERI, Jérôme PARMENTIER, Guy PAULUS, Georges RENARD, Bernard RONGVAUX, Stijn STRUVAY, Félicien THIRY, Vivien THIRY.

 

Un nom oublié ? Il est important de nous le signaler ! (montquintin@skynet.be)

 

A l’année prochaine ! Nous donnons déjà rendez-vous à tous les volontaires jeunes et moins jeunes du 29 juillet au 10 août 2013. Nous espérons associer de nouveaux partenariats avec les scouts de Rouvroy (Pionniers 16-18 ans) et de Virton (Eclaireurs 14-16 ans). Des contacts ont été pris dans cette perspective.

 

En collaboration avec:         Départements Culture et Tourisme