24ème campagne au Château de Montquintin

CHANTIER 2021 du 2 au 14 août 2021

Poursuite des travaux de maintenance et d’étude archéologique

C’est du 02 au 14 août dernier qu’une vingtaine de bénévoles se sont à nouveau dévoués pour la sauvegarde du château. Mais auparavant, une petite équipe de « forçats » a achevé les petites dalles de béton destinées à stabiliser partiellement la tour est du château, ainsi que la voûte du lavoir du 18ème siècle, entièrement restauré au pied des remparts.

Pour la compréhension de ce rapport, on se référera toujours au plan de répartition des locaux déjà publié précédemment. Ce plan est consultable sur la page : www.montquintin.be  

L’orientation désormais donnée à ces interventions est tributaire du nouveau projet de restauration du château adapté selon les dernières recommandations de l’AWaP dans un sens plus contemporain. Dans l’immédiat, elles visent surtout à stabiliser et à mettre en valeur les quatre tours d’angles du monument, en fonction de leur aspect résiduel ou de leur qualité de conservation. Deux d’entre elles, à l’est et à l’ouest, montrent de très gros signes de fragilité, surtout au niveau des superstructures. Les tours sud et nord ne sont plus que faiblement visibles hors-sol. Leur élévation est déjà ou sera restituée sur +/- 70 cm, pour la compréhension du monument.

Cela n’empêche toutefois pas la poursuite d’autres travaux entamés précédemment dans les trois ailes de l’édifice et aux abords du rempart septentrional

Au premier étage de la tour ouest : porte sud-est bouchée, avec traces d’enduits.

Tour Ouest

L’établissement d’une seconde dalle de stabilisation, indispensable au niveau du 1er étage, a justifié un examen attentif des murs intérieurs, afin de déterminer l’aspect du gîtage ancien. Seuls deux trous d’ancrages d’une poutre orientée N-E – S-O, importants mais rebouchés, ont pu être repérés sur le flanc nord et sur le flanc sud. Le rebord, présent à ce niveau du 18ème siècle pour recevoir soit les solives, soit le plancher, montre qu’il a été rehaussé par deux fois : ces rehaussements en pierre, atteignant quelque 30 cm, ne sont pas liés à la maçonnerie de la tour.

L’examen s’est alors porté sur les deux baies d’accès présentes à ce niveau.

La première, sur la paroi sud-est, et dont le plafond est soigneusement voûté en berceau, a été rebouchée anciennement pour être transformée en niche. L’examen du sol confirme cette déduction puisque, par rapport au niveau final, il a, là aussi, été rehaussé par un blocage de pierres sommairement maçonnées et des traces d’enduit noir sont conservées sur les parois jusqu’à une profondeur d’environ 40 cm.

Mais le fait que cet enduit soit aussi présent sur la paroi rebouchée de la porte, montre que celui-ci a dû intervenir déjà très tôt, sans doute dans la seconde époque du château (15ème– 16ème siècle)

A l’extérieur, le seuil encore discernable est par contre plus bas encore, pour atteindre 60 cm. Ce détail indique sans doute l’existence d’un emmarchement disparu, placé dans l’épaisseur du mur pour entrer dans la tour. Notons que le niveau le plus ancien de cette porte est identique à celui de la baie d’accès au 1er étage de l’aile gauche qui lui fait face (au-dessus du local G.4., et donnant sur L.1).

La porte présente en face nord et donnant sur le corps central, a elle aussi subi plusieurs modifications : le rehaussement de son sol, également sur près de 40 cm était nécessaire pour se mettre au niveau des ancrages des poutres du corps de logis contigu, dans la dernière époque du château (18ème siècle), dont les extrémités en bois existent encore). Lors du dégagement de cet enrochement, des fragments calcinés d’une porte ont été retrouvés contre la battée de la baie. L’examen des piédroits extérieurs montre en outre un rehaussement consécutif du linteau, afin de conserver la hauteur de passage : le type de pierre des jambages supérieurs – en calcaire blanc – est différent et en meilleur état que celui du bas des piédroits qui sont en calcaire bajocien jaune. De plus, ces derniers sont à pan coupé, du même type que les baies rebouchées du 15ème – 16ème siècle, encore discernables sur la face extérieure de la courtine N-O. Ils accusent des traces d’incendie violent. Le linteau de la porte,  lui-même en bois, a été calciné par un autre incendie plus tardif, qui n’a pas été assez vif que pour affecter le haut des piédroits.

Une troisième niche est présente à cet étage sur la paroi ouest. Relativement bien conservée, elle montre le même rehaussement du sol. Sa profondeur semble avoir été augmentée puisque la partie intérieure est voûtée en berceau, tout comme son vis-à-vis de la paroi est, mais qu’ensuite, dans la profondeur du mur, elle est couverte d’un linteau sous forme d’une dalle de pierre plate, laquelle est fracturée. Cette modification, sans doute tardive, a entrainé une grande fragilité localisée du parement extérieur de la tour devenu trop mince. De plus, et de manière incompréhensible, la bouche à feu qui lui est contigüe a été disloquée et déplacée partiellement en hors plomb de la paroi intérieure.

Sur bases de ces éléments, corroborés malheureusement par aucun matériel, et  vu la datation de la tour au 13ème siècle par la présence d’une archère à son sommet, on peut imaginer une première modification au 16ème  siècle, puis une seconde vers les 17ème ou 18ème siècles. Le niveau choisi pour l’établissement du futur plateau de circulation se fixera donc sur la hauteur définie par les deux ancrages de la poutre principale, tout en remettant en évidence l’aspect originel de ces deux portes à hauteur de leur seuil initial. Il permettra des interventions facilitées aux étages supérieurs.

Corps de logis central

L’attention s’est portée sur quelques restaurations localisée des murs du plan orthogonal, e.a. à l’endroit de la cheminée de la cuisine (mur L.2-L.3).

Dans le local L.7, le creusement sur le flanc de l’important massif dégagé en 2018 et en 2020 a atteint son niveau le plus ancien, à environ 5 M de profondeur, tout comme celui de la tour Nord.  Mais alors que cette dernière semble avoir été rebâtie sur des fondations plus anciennes, ici, la maçonnerie de cette structure est posée sur un enrochement de stabilisation. A priori, on pourrait l’interpréter comme une cinquième tour, engagée au milieu de la courtine N-O, mais des sondages devraient se poursuivre aux abords, dans les locaux L.6, L.8 et L.9, de façon à déterminer plus précisément l’étendue, la fonction, et l’époque de cette construction. D’autres travaux urgents nous appelaient ailleurs, et cette démarche a été remise à plus tard.

Dans l’aile droite et la Tour est

En effet, la poursuite de la consolidation de l’aile droite a nécessité plusieurs interventions.

Dans le local D.3  (contigu à l’aile centrale du château), la réparation d’une petite zone de la voûte de la cave a permis de relever, sur l’épaisseur du sol, une stratigraphie intéressante qui vient compléter les sondages déjà effectués précédemment. On a pu ainsi préciser trois périodes d’occupation (et non deux comme on le pensait auparavant), identifiées par des couches d’incendies : la plus ancienne, juste sur la voûte, serait à dater du 17ème siècle. Entre elle et celle du dessus, un enrochement régulier a rehaussé le sol et signale une restauration puis un nouvel incendie peut-être au 18ème siècle, car elle se trouve au niveau des seuils de porte qui sont de cette période. Enfin, une couche plus épaisse a encore surélevé la surface jusqu’au niveau d’usage aux 19ème et 20ème siècles. Ce dernier niveau était autrefois couvert de gros pavés et de tommettes de terre-cuite qui ont été enlevés.

Dans la foulée, et préalablement à la reconstruction prévue, le dégagement de la zone de grange (local D.2), entamé en 2020, s’est poursuivi. Ici, le mur de séparation entre D.3 et D.2 repose en fait sur une fondation bien plus épaisse, posée à l’aplomb du mur de séparation entre les deux caves sous-jacentes. Elle est également liée à la courtine N-E à l’endroit précis où celle-ci s’amincit avant de se poursuivre vers la tour Nord. En outre, cette fondation montre, sur son flanc sud-est, un encastrement recouvert de terre rougie, qui est peut-être l’indice de la présence d’une cheminée .Ces détails témoignent d’un imposant bâtiment posé dans l’angle est du château et datant sans nul doute de période(s) antérieure(s) au 18ème siècle. Le matériel découvert (médaille, terre-cuite, monnaie) est actuellement en cours d’étude.

Dans la tour est (local T.E.), les motivations de travaux sont identiques qu’à la tour ouest. Le chemin de ronde, de part et d’autre de l’accès du 1er étage, a été re-nettoyé soigneusement. Le sommet de la tour accuse un gîte important sur près de 2 M de haut ; au 1er étage, la porte d’accès ouvrant sur l’aile droite est très endommagée et en partie effondrée ; les sols ont bien  entendu disparu et les parois intérieures ont considérablement souffert des incendies et du gel. L’accès du rez-de-chaussée avait, quant à lui, été restauré lors de campagnes antérieures, ainsi que l’embase supérieure de cette baie jusqu’au 1er étage. 

Aile droite. Fondation du mur D.3/D.2
A l’avant-plan, le passage de porte dallé, A hauteur du jalon : foyer encastré

Mais ici aussi, l’établissement d’un plateau intermédiaire s’avère nécessaire, ne fût-ce que pour empêcher l’effondrement complet, pour permettre les interventions en hauteur, et aussi à cause de la recherche archéologique à assurer en sous-sol[1]. Le positionnement prévu pour cette dalle est facilité par la présence de trous d’ancrages d’anciennes poutres, certes en mauvais état, mais nettement alignés sur les parois est et ouest. Contrairement à la stratigraphie du sous-sol dénotant trois phases d’occupation (Culot, Collignon, Denet, Parmentier, Thiry, 2020), l’étude des murs intérieurs n’apporte pas d’indices d’une évolution, hormis des zones visibles de réparations localisées ; ce qui indique que la tour n’a pas subi de modification entre le 17ème et le 20ème siècle. Notons encore que, depuis cette reconstruction,  la porte du 1er étage n’est plus en connexion avec le chemin de ronde qui lui est contigu sur les courtines N-E et S-E (contrairement au cas de la tour ouest), mais ouvre directement sur le niveau 1 du local D.3.

Hormis ces fouilles préparatoires, ont eu lieu divers déblaiements et nettoyages de décombres. La restauration du mur de clôture S-E de la cour est quasiment achevée, ainsi que la restitution du contour de la tour nord. La surface du périmètre résiduel de la tour sud a été assainie et consolidée, tout en préservant une communication avec la citerne qui lui est sous-jacente (Dépotoir 1, en G.1). 

[1] Rappelons que cette tour circulaire, dont l’espace intérieur est carré, s’inscrit sur un plan antérieur en fer à cheval. Elle aurait été réédifiée au 17ème siècle (d’Otreppe, 2005 et Culot, Collignon, Denet, Parmentier, Thiry, 2020). La datation de cette construction semi-ciculaire doit être éclaircie.

Premier étage de la tour est. Préparation de la dalle de sol.
Surélévation du périmètre de la tour nord, en voie d’achèvement.

Extérieurs du château

Dans l’angle sud du terrain (mur de séparation avec l’ancienne ferme castrale), un agencement de pierres appareillées a retenu l’attention. Un très petit réduit semble avoir existé, dont la fonction n’est pas connue, mais il pourrait s’agir d’une niche à chien. Ses vestiges se confondent avec les déblais accumulés, l’effondrement du mur et les racines des arbres.  A cet endroit, apparaissent aussi, sur les deux faces du mur, les traces d’une porte de communication rebouchée. Lors de la vente de la ferme en 1826 par les héritiers de J.-J. de Hontheim, peut-être un accès depuis la propriété du château vers l’église et le village avait-il été maintenu et condamné ensuite.

Au pied des remparts septentrionaux, la voûte de la fontaine en cave a été nivelée dans le plan de la terrasse.

Ils ont tous participé :

Marie-Christine CLAES, Sylvie COLLIGNON, Didier CULOT, Jérôme DENET, Sarah DEPROFT, Loris DERU, Daniel FLAMAND, Danielle GEORGES, Thierry , Solange , Mathilde HARDENNE, Eglantine LEONARD, Jacques LEONARD, Jérôme PARMENTIER, Guy PAULUS, Michaël PIERRARD, Etienne RIDLEY, Bernard RONGVAUX, Claudine de THEUX,  Vivien THIRY, Pierre THOMAS, Louis THOMAS, Jules THOMAS, Loïc VAN SCHINGEN, Thérèse VAN DE NOORTGAETE, Sophie , Nathan, Maëlle , Maguette  et Elisa.