Chantier 2007

du 30 juillet au 11 août 2007

Alors que nous avions subi divers motifs de découragement, on peut dire que ce 11eme chantier s’est déroulé de manière idéale, relançant la confiance dans la progression de notre projet..
En effet, nous avons reçu plusieurs marques d’amitié et retrouvé avec bonheur le « noyau dur » des fidèles, qui contribuent depuis plusieurs années par leur dynamisme et leur bonne humeur à la réussite des campagnes. De nouveaux-venus ont apporté une énergie supplémentaire, jusqu’à former en définitive un groupe de 23 personnes enthousiastes. Quand on sait que le premier chantier n’en réunissait que 6, on peut voir à quel point la bonne ambiance fait peu à peu tache d’huile.
Cette année, un nettoyage accentué du site a requis à nouveau plusieurs jours de travail. Après déblaiement, tonte, débroussaillage, notre action s’est ensuite portée sur diverses recherches, et sur de la restauration.

En prospection archéologique

Sur le tracé de la courtine Est (mur de clôture de la cour, aujourd’hui disparu et remplacé par des  grilles) un sondage a permis de recouper la position de l’ancienne façade de l’aile gauche. En effet, la  façade actuelle est assez tardive et ses multiples percements de portes et de petites fenêtres ne la font  pas remonter au-delà du début du 19eme s. On avait parfois émis l’idée que cette aile très étroite avait  été rétrécie lors de la reconstruction de 1809 par Jean-Jacques de Hontheim, pour donner plus  d’ampleur à la façade principale du corps de logis. Voici au moins un point corroboré par ce sondage,  qu’il conviendra de confirmer plus tard par un second, à effectuer un peu plus loin sur le tronçon  présumé. La datation reste actuellement en suspens, faute de matériel trouvé.

Dans l’aile droite, divers affaissements ou effondrements partiels de la voûte de   la cave imposaient de rapides mesures. Un important travail de préparation était indispensable avant toute restauration. L’excavation nécessaire a donné lieu à un sondage précis  du sol jusqu’à la courbure de la voûte, sur une profondeur de 60 cm à 1,50 m environ. L’examen a  permis de déterminer deux niveaux de sol successifs.

Le premier se présente sous la forme d’un enrochement grossier de nivellement de la voûte, sur lequel est posé un plancher de chêne, composé de voliges d’environ 20 cm de large, sur 3 cm d’épaisseur. Elles sont disposées sur des solives transversales. Ce niveau est marqué par une forte couche d’incendie, représentée par des charbons de bois, et de la terre et des pierres rougies, ainsi que la carbonisation du plancher. Ce niveau doit correspondre au seuil de la porte à l’extrémité droite de la façade, dont le modèle remonte au milieu du 17eme s. (sur une maison du village, un modèle identique est millésimé 1653)

Ultérieurement, le sol fut rehaussé au moyen d’un second enrochement plus léger, pour correspondre au niveau des baies cintrées qui ouvrent encore la façade aujourd’hui. Lesquelles sont à dater de la 2eme moitié du 18eme siècle. Un enrochement semblable se manifestait déjà lors des sondages réalisés jusqu’en 1998 dans le corps de logis. En terme de matériel découvert, les tessons de grès rouge ou jaune, parfois vernissé, ainsi que les grès à décors incisés possèdent une durée d’usage assez longue, du 17eme jusqu’au début du 19eme siècles, qui ne permet pas de préciser plus avant l’attribution à l’une ou l’autre période. Faute d’autre objet, on pourra donc d’une part recourir à une analyse au carbone 14 des restes du plancher, puis à une mise en relation entre murs extérieurs et sol.

La voûte elle-même a ensuite été consolidée ou restaurée à nos frais par les soins de l’entreprise BRG.

Toujours en sous-sol, notre attention s’est ensuite portée sur le couloir joignant cette cave avec la petite cave dans l’angle Nord du corps de logis central. Là aussi, les lieux sont depuis longtemps fragilisés, mettant en péril le soutènement du pignon Nord du corps de logis.
La reconstruction des murs latéraux du couloir s’imposait. Le parement étant directement dressé contre un imposant massif de terre et de roche, ce fut l’occasion d’un regard attentif sur le profil complet de sous-sol ainsi apparent, depuis le sol moderne jusqu’à la base. Il démontre qu’à l’intérieur de l’enceinte, le sol s’appuie moins profondément que les courtines. Mais ici, comme là, l’installation s’est faite sur un niveau primitif d’argile grise, que l’on retrouve aussi sur le sol déjà reconnu dans les caves. Un radier de gros blocs de pierres est tout d’abord installé, dont la cohésion est assurée par un mortier de terre argileuse rougie, ressemblant assez à une couche d’incendie. C’est sur ce niveau que prendront place les murs intérieurs. Ceux-ci sont donc sur un niveau plus élevé que les courtines, et doivent leur être postérieurs, encore qu’aucun matériel ne vienne préciser la datation (il conviendra de comparer ces niveaux avec celui du 17eme présent dans l’aile droite).

Bien que ces examens ne constituent pas une fouille scientifique au sens complet du terme, ils ne se font pas sans un rigoureux travail de documentaliste, destiné à conserver les données archéologiques récoltées. C’est pourquoi, il est impossible d’éviter un inventaire précis, du dessin, de la photographie et un répertoire de tous les indices retrouvés.

En restauration

Toujours dans cette zone, nous avons procédé ensuite au début de reconstruction des maçonneries, telles que nous avions pu en déterminer le dessin lors du dégagement des éboulis, durant les campagnes de 1996 à 1999. En vis-à-vis, un travail semblable a permis de consolider l’angle du pignon Nord, formant passage sous-terrain vers le dépotoir n°2 (le long des fondations de la tour carrée Nord). Ce travail se poursuivra l’an prochain, pour se conclure par la reconstruction de la voûte du couloir.

Revenons dans l’aile gauche, où une seconde équipe s‘est attachée à sceller les poutres mises en place l’an dernier, de manière à établir un plateau de circulation provisoire au niveau du premier étage . L’étroitesse de cette aile et l’exiguïté des pièces sont en effet un handicap pour installer un échafaudage qui permettrait la consolidation des maçonneries en hauteur, et du faîtage de murs. Ce faisant, nous avons pu en outre mesurer divers niveaux, pour préciser la disposition que prendra plus tard ce plateau, destiné à abriter le musée du site.

Hors les murs, mettons aussi l’accent sur l’important travail de restauration mené dans la cave-lavoir, à proximité du verger situé en contrebas des murailles Nord. Ancienne « oasis » pour le potager « à la française » de Mgr de Hontheim, cette originale source voûtée nous tient à coeur, dans la mesure où elle servit aux lavandières de Montquintin, jusqu’à une époque pas si éloignée. Voûte partiellement effondrée, bassin bouché, porte et piédroits démantelés…son piteux état nous avait incité à introduire une demande de subvention auprès du Petit Patrimoine Populaire Wallon. Celle-ci n’a pu cependant aboutir, du fait que la restauration (en fait, une reconstitution au moyen des pierres et élément retrouvés sur place) était jugée « trop ambitieuse ». Aussi, pour éviter une disparition pure et simple l’avons-nous nous-même entamée en nous formant sur le tas. Les résultats sont encourageants, puisque les lieux ont été dégagés et assainis, les murs latéraux reconstruits, le bassin vidé des déblais. Resteront la moitié manquante de la voûte et les jambages de la porte, qui devraient reprendre leur place l’été prochain. Des mesures de protection ont été prises pour protéger les lieux du gel et de la pluie.

Enfin, d’autres interventions ont concerné plusieurs murs qu’il convenait de consolider. Ainsi, dans le corps de logis, plusieurs tronçons de murs intérieurs ont été démontés, nettoyés puis remaçonnés. Le soubassement restant de la façade principale a lui aussi été nettoyé, et accueillera bientôt un lit de nouvelles pierres de taille, tout comme une partie du mur d’enceinte Est soutenant les grilles.

Certificat de Patrimoine
Le plupart de ces travaux s’inscrivent dans la procédure de Certificat de Patrimoine, qui a été lancée début juin auprès de la Division du Patrimoine de la Région Wallonne. Comme la presse s’en est faite largement l’écho, notre conseil d’administration s’est en effet réuni avec les autorités publiques compétentes, pour exposer le projet de reconstruction. Ce programme en trois phases passe d’abord par une consolidation globale, et une mise en valeur du site pour en faire, dans un premier temps, un espace de spectacle en plein air. Dans cette perspective, à la fin du mois d’août, d’autres archéologues, délégués par la Division du Patrimoine de la Région Wallonne ont procédé à un examen archéologique mural, destiné à différencier les apports et modifications successive, et préciser l’évolution architecturale, telle qu’elle peut être déterminée non pas en sous-sol, mais d’après les vestiges visibles en élévation. Outre son intérêt historique, cette étude permettra par ailleurs de définir certaines zones d’intérêt particulier qu’il conviendrait de préserver et de mettre en valeur.

Merci à tous les bénévoles, jeunes et moins jeunes qui ne ménagent pas leur peine – notre doyen d’âge supporte avantageusement ses 76 ans !- : Gauthier, Justine, Sarah et Colin, Mathilde, Laure, Marie, Véronique et Stéphane, José, Georges, Claudette, Francis, Guy, Daniel, Georges,Marie-Christine, Frédéric, Stéphanie, Léopold, Jean, Didier, Bernard, Joseph, Vivien, Jacques, Marie-Flore, François et Quentin.

Merci encore à tous les autres, cuisiniers-cuisinières et sympathiques fournisseurs de boissons onctueuses ( Paulette, Françoise, Camille, David et Christine, Serge et Dominique), prêteurs de matériel, collègues et visiteurs passionnés, merci de faire de cette période un moment d’exception.

(1) La Province de Luxembourg nous a gratifié d’un subside certes toujours insuffisant mais déjà bien utile. Merci également à M. et Mme TOUSSAINT, propriétaires du gîte rural de Montquintin, ainsi qu’à M. et Mme ANTOINE (ferme du château) et à M. Jean CULOT pour leurs aides diverses et bienvenues.(retour au texte)

(2) Les poutres en chêne neuves nous ont été généreusement offertes par M.David ENTHOVEN de Virton (retour au texte)

(3) Le certificat de Patrimoine est la procédure correspondant à la demande de permis d’urbanisme pour les biens classés (retour au texte)
(4) Voir sur ce site, Page « Projet »